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Consentement et coopératives : comment SeaCoop opte pour la prise de décision par consentement
7/05/2025


Le mardi 6 mai, Jef Cumps a présenté son dernier livre « Consent decision-making – Deciding together based on equality » à Louvain. L’ouvrage offre un guide pratique aux organisations qui s’efforcent de prendre des décisions inclusives et efficaces, sans se perdre dans des réunions interminables. SeaCoop – la coopérative de citoyen.ne.s engagé.e.s dans l’énergie éolienne offshore – travaille avec la méthode de prise de décision par consentement au sein de son assemblée générale depuis sa création. Cette publication arrive à un moment particulièrement opportun.
Chez SeaCoop, la participation des citoyen.ne.s est centrale, non seulement sur le plan financier, mais aussi sur le plan du contenu. Lors de l’assemblée générale, les 34 coopératives d’énergie définissent ensemble l’orientation de l’organisation. Mais comment prendre des décisions ensemble lorsque vous êtes des dizaines ? Et comment éviter que seules les voix les plus fortes soient entendues ?
Dans son livre, Cumps propose une alternative puissante aux procédures de vote classiques : la prise de décision par consentement. Au lieu de demander « Que veut la majorité ? », cette méthode demande « Y a-t-il majoritairement des objections ? ». Ce changement, aussi subtil soit-il, s’avère fondamental. Alors que les votes majoritaires font souvent des gagnants et des perdants, le consentement recherche un soutien commun : des propositions auxquelles personne n’a d’objection valable.
Chez SeaCoop, le consentement permet de prendre rapidement des décisions complexes. Cela fonctionne aussi grâce à une bonne préparation de nos assemblées générales. Les objections soulevées par les membres ne sont pas considérées comme des obstacles, mais comme des « cadeaux » : elles améliorent la proposition initiale et augmentent le soutien.
Lors de la dernière assemblée générale, cette approche a déjà été appliquée à titre expérimental. Par exemple, lorsqu’une décision d’investissement a été prise, il ne s’agissait pas seulement d’une demande d’approbation ou d’opposition, mais aussi d’une demande active d’objections. Il en est résulté une proposition modifiée qui a bénéficié d’une plus grande confiance et s’est avérée plus solide.
Une nuance importante que Jef Cumps apporte dans son livre est de savoir ce que l’on entend exactement par « objection ». Une objection n’est pas une opinion, un goût, une préférence ou un désir, ni une alternative, une émotion, une intuition, une solution ou une amélioration possible. Pour qu’une objection soit valable, elle doit contenir un argument qui démontre le préjudice ou que l’objectif initial n’est pas atteint. Cette définition précise permet de distinguer les préférences personnelles des préoccupations de fond.
Lors de la table ronde organisée à l’occasion du lancement du livre, Philippe Awouters, directeur général de SeaCoop, a fait part de son point de vue sur cette approche. Il a souligné que la prise de décision par consentement correspondait parfaitement aux valeurs coopératives de SeaCoop : « Cela crée un environnement sûr où chacun.e se sent entendu.e et où toutes les objections peuvent être partagées. C’est ainsi que nous obtenons du soutien. C’est notre force en tant que mouvement citoyen. Cela demande beaucoup de préparation, ce qui peut donner une impression de lenteur, mais en fait, cela garantit que les décisions soient prises rapidement. En trois ans, il n’y a eu qu’un seul cas où une décision a dû être postposée.
La soirée a apporté des exemples inspirants et des défis reconnaissables pour celles et ceux qui veulent se lancer dans la prise de décision collective. La prise de décision par consentement n’est pas un modèle abstrait, mais une boussole utile pour les organisations qui veulent construire ensemble un changement durable.
📘 Le livre Consent decision-making de Jef Cumps est désormais disponible auprès de Lannoo Publishing : https://www.lannoo.be/nl/consent-besluitvorming